Située dans la municipalité d'Asbestos au
Québec, la mine Jeffrey est connue principalement pour avoir été parmi
les plus importants centres de production d'amiante chrysotile au
monde. Au plus fort de sa production la mine Jeffrey comptait pour
50 % de la production totale canadienne. Cette reconnaissance
mondiale en a fait également une localité minéralogique de grande
renommée auprès des collectionneurs grâce entre autres à la qualité
exceptionnelle des divers minéraux qu'on y a découverts durant
l'exploitation. Les minéraux vedettes étant le grenat grossulaire de
type hessonite, la vésuvianite, la préhnite, le diopside et la
pectolite pour ne nommer que ceux-là.
Les
premières mentions de la présence d'amiante au Québec datent de 1850
dans les rapports de la Commission géologique du Canada. En 1860 une
découverte intéressante se fit en Beauce et en 1862 un échantillon du
minéral fut même présenté à l'Exposition de Londres ou il fit grande
impression. La découverte d'amiante dans le canton de Shipton est
attribuée à Evan Williams vers la fin des années 1870 mais c'est
William Henry Jeffry un homme d'affaires de Québec résidant dans la
région de Richmond qui mettra en opération un gisement situé sur un
terrain appartenant à Charles Webb. Cette exploitation qui durera
quatorze années sera de nature artisanale mais permettra néanmoins
durant cette période de produire entre quelques tonnes par jour au
début à environ 2 300 tonnes annuellement à la fin.
William
Henry Jeffry connaîtra des difficultés financières en 1893 et la mine
Jeffrey sera acquise deux ans plus tard par deux hommes d'affaires et
le célèbre avocat Greeshield de Danville. La Compagnie
Asbestos and Asbestic est ainsi constituée au début de 1897
lorsque Feodor Boas se rend en Angleterre pour trouver des capitaux
additionnels. La Compagnie bâtira un premier moulin et construira un
chemin de fer entre le site minier et la ville de Danville. C'est le
début de la mécanisation et de l'exploitation industrielle. En 1901
après une période difficile et une faillite suspecte la mine est
rachetée par des intérêts américains dont la famille Manville. C'est la
naissance de la Compagnie Manville Asbestos qui sera réorganisée en
1918 sous la raison sociale de Canadian John's-Manville. C'est en 1916
que débute le développement de la mine à ciel ouvert par gradins en
spirale, forme encore détectable de nos jours.
Pour une
durée de soixante ans soit jusqu'en 1978 la mine sera exploitée par
cette compagnie, qui au plus fort de sa production a pu fournir
600 000 tonnes de < fibre > en
une seule année (1976). De 1944 à 1960 un programme d'extraction
souterrain sera opérationnel mais abandonné au profit de l'exploitation
à ciel ouvert grâce à l'amélioration des équipements et des méthodes
d'extraction. En dépit des succès d'exploitation la compagnie aux
prises avec des problèmes juridiques importants doit se réorganiser. La
mine passe sous contrôle canadien et en 1983 et sera connue désormais
sous le vocable de JM Asbestos. En 1991 un groupe d'investisseurs
québécois francophones rachète la société avec le concours d'une
coopérative englobant l'ensemble des travailleurs. En 1999, 30 % des
actions étaient détenues par la coopérative.
Une
nouvelle mine souterraine a débuté en 1996 et l'exploitation à ciel
ouvert en était à ses derniers soubresauts lorsque les contraintes du
marché et les politiques ont accéléré la fermeture définitive de
l'exploitation de la chrysotile à la mine Jeffrey en 2012-2013.
En 1994
est fondé le Club de minéralogie d'Asbestos Alco-pierres qui grâce à
des ententes avec les dirigeants de la mine permet à ses membres,
amateurs, collectionneurs et minéralogistes passionnés d'assouvir leur
passion pour les découvertes de minéraux. Rappelons que seuls les
membres du Club de minéralogie d'Asbestos ont le privilege d'avoir
acces aux excursions à la mine Jeffrey.
En 1994
une toute première foire minéralogique se tient dans le sous-sol de
l'Église Notre-Dame-de-toutes-joies à Asbestos. Organisée entre autres
par Francesco Spertini avec l'entremise du musée minéralogique
d'Asbestos ce premier salon des minéraux régional a permis à plusieurs
travailleurs de la mine Jeffrey de découvrir et d'apprécier la valeur
exceptionnelle des minéraux découverts dans la mine au fil des années.
Ce nouvel engouement se traduit par le désir de former un club local,
le bouche à oreille fait son travail et rapidement 26 travailleurs de
la mine prennent leur carte de membre. Club de minéralogie d'Asbestos
Alco-Pierres vient de voir le jour. Alco étant l'abréviation
d'alcoolique elle symbolise la fièvre qui coule dans les veines de
l'alcoolique lorsqu'il passe devant un bar et ne peut résister, ces
nouveaux membres ont choisi ce nom parce que les minéraux leurs font le
meme effet.
Comme la
plupart ont peu de connaissances dans le domaine, on demande à
Francesco Spertini, géologue à la mine, de donner des conférences de
formation en géologie aux membres intéressés. Fiers de ces nouvelles
informations acquises, les membres commencent à organiser des
excursions de cueillette à l'extérieur de la région immédiate au début
et enfin à la mine Jeffrey elle-meme. Ce sont des années fastes en
découvertes la mine étant en pleine opération à cette époque.
Grâce à
la Ville d'Asbestos, et en tant que corporation à but non lucratif, le
Club obtient la permission de partager une école désaffectée à
Saint-Barnabé avec le musée de minéralogie d'Asbestos. C'est le tout
premier local du club qui sera dans un deuxième temps transféré dans
des locaux près de l'église Saint-Aimé pour finalement trouver son
cadre actuel au 65 de la rue Saint-Jean à Asbestos dans un local et un
atelier entièrement aménagés par des membres bénévoles.
Dès le
début de l'organisation il a été demandé aux membres de fournir une
pierre pour constituer une collection permanente de minéraux au Club.
Ces minéraux présentés dans nos armoires sont identifiés et le nom du
donateur est inscrit pour chacune. Elles servent pour des fins
d'éducation et c'est une façon pour le membre de démontrer son
appartenance et sa reconnaissance envers le Club pour tout le travail
réalisé par les bénévoles ou membres de l'administration. Le nouveau
local offre donc une salle d'exposition de minéraux ainsi qu'un atelier
pour le dégrossissage, la taille et le polissage des minéraux.
L'atelier connaît un essor considérable chez nos membres qui profitent
de ses installations durant toute la saison hivernale. C'est de plus en
plus un élément majeur du Club. Le local c'est aussi un lieu de
rencontre et d'échange après les excursions à la mine.
Afin de
favoriser la connaissance, l'entraide et l'amitié le Club de
minéralogie d'Asbestos sera l'instigateur du premier Interclub à voir
le jour. Cette idée sera reprise tour à tour par les différents clubs
de minéralogie du Québec et ce pendant de nombreuses années au plus
grand plaisir des minéralogistes. Pour garder le contact entre le Club
et ses membres, un journal la Bonne Mine sera produit des le départ et
continuera de l'être pendant près de 20 ans.
Le Club
se maintient maintenant bon an mal an entre 120 et 140 membres dont une
centaine de participants actifs. Depuis une dizaine d'années le Club
s'est porté acquéreur d'un petit autobus qui assure le transport des
membres sur le territoire de la mine Jeffrey lors des journées
d'excursions.
Avec le
temps le Club de minéralogie d'Asbestos s'est impliqué de plus en plus
dans la préparation de la Grande Foire minéralogique d'Asbestos au
point d'en devenir l'unique responsable. Depuis 2012 un nouvel
emplacement a permis de faire de ce salon un événement d'envergure
régional et provincial. L'édition 2014 a accueilli plus de
4 000 visiteurs en deux jours seulement et l'édition 2015
s'assure d'en faire tout autant sinon plus pour sa 22e édition.
Bref, le
Club de minéralogie d'Asbestos jouit d'une réputation enviable partout
au Québec tant pour la qualité de ses excursions avec la richesse
exceptionnelle du site de la mine Jeffry, que pour la gentillesse et
l'entraide de ses administrateurs et bénévoles, ou encore la passion et
la joie-de-vivre de ses membres.
Venez
continuer l'histoire avec nous !